lundi 15 octobre 2007

Attention : essentialisation !

Ce post, comme les autres est avant tout un moment d'humeur!
Comme on dit en langage courant je peste! Ma colère se porte sur une tendance récurrente : l'essentialisation.
Mais qu'est ce que l'essentialisation : c'est, en gros, généraliser une opinion en imputant ce qu'on pense d'eux à la nature des personnes que l'on dénonce.
En partie, il s'agit d'un délit : par exemple dire que parmi les délinquants il y a un pourcentage élevé de telle ou telle catégorie (culturelle) d'individus n'est pas une essentialisation, cela peut découler d'une statistique avérée, mais en revanche dire : "on le sait bien, dès qu'ils arrivent, il y a de la délinquance", c'est essentialiser, c'est - à - dire laisser penser que leur nature est délinquante.
Autre exemple : compte tenu de mes opinions et de mes travaux, je connais bien ce qu'est le Front National et les militants qui sont à l'origine du FN. Ayant été souvent invité par des associations antiracistes, j'ai systématiquement dit que, bien qu'en sympathie avec la cause de Ras l'Front, je m'opposais profondément à leur slogan : "F comme fasciste, N comme Nazi, à bas le Front National". Il s'agit là encore d'une essentialisation. De plus elle est fautive car elle offre aux militants frontistes une autoroute leur permettant de démontrer à quel point ils ne sont ni fascistes, ni nazis. Ce qui est vrai, mais n'empêche pas que leurs opinions soient contestables.
Enfin, sans encore avoir lu l'ouvrage, je viens de lire ou d'écouter ce week end, les critiques portées à l'encontre de Bernard - Henri Levy. Là encore : je constate une crise compulsive d'essentialisation : plutôt que de discuter le fond de sa pensée, on lui conteste une légitimité à parler d'où il est. C'est - à - dire d'être ce qu'il est !
Je m'engage à dire dans ce blog ce que je pense de son ouvrage dès que je l'aurai lu (ce qui ne saurait tarder!) Mais pour l'instant, de grâce, cessons cette manie effroyable. Peut - on reprocher à Voltaire d'avoir défendu Callas, alors même qu'il fut l'historiographe officiel du Roi ?

4 commentaires:

etudiant a dit…

Un autre exemple, le cours de ce matin sur les idées de marx,...non?
Je donnerai pas de lecons hein, mais bon, entendu tellement de commentaires stériles de la part d'étudiants genre "le marxisme ca pue", "bouh le communisme c'est nul, c'est une usine à pauvres" blabla blablablabla...
Voilà sinon AG aux tanneurs à 17h, je n'ai absolument aucune idée de ce dont il sagit mais au moins je pourrai en discuter en connaissance de cause ;)
Bonne journée

C. Hervé a dit…

Il doit etre dans la nature humaine de sans cesse catégoriser les personnes ou les groupes. L'on émet tous des préjugés, ou jugement pré-conçus en ne portant attention qu'a l'apparence de la personne. C'est presque un reflexe. Dans un second temps, libre à chacun d'exprimer ce jugement, de le critiquer et en faire ressortir ce qui en fait est réel. Dans un schéma de communication du type émission-réception (Lazarsfeld), cela correspond à l'objectivation du subjectif, le passage de la couche objective à la couche subjective du recepteur de notre jugement. Ainsi, les personnes incapable de creuser au-dela de l'apparence se réfugient dans l'ignorance et préfère ne voire que ce qu'elle voit et rien de plus. Par là même elles catégorisent, elles généralisent, elles essentialisent.

Jean-Philippe Roy a dit…

Ceci est une aide pour un commentaire qui n'a pas pu s'afficher pour des raisons techniques :

"Mouais... sauf que tu mélanges me semble-t-il deux pratiques
distinctes. Celle que tu appelles "essentialisation" consiste à renvoye un individu à l'une des catégories (collectives, par essence, justement) à laquelle il appartient (ou est supposé appartenir) et d'en déduire que l'individu possède les qualités (en l'occurrence les défauts) attribuées à la catégorie (le Chinois est fourbe, le nègre est
indolent, l'arabe est voleur, la femme est volage, etc. l'histoire comme les dictons populaires en fournissent mille exemples). Le cas de BHL est différent, il n'est pas renvoyé à une catégorie mais à lui-même, à son image, à son histoire, etc. Ce n'est qu'une énième version du "d'où parles-tu camarade ?!". Ce qui au demeurant n'est pas plus satisfaisant,
je te l'accorde. Mais ce n'est pas la même chose. Distinguons,
distinguons, il en restera toujours quelque chose."

Je reprends la main, en disant qu'il s'agit, en effet, dans mon post d'un "à peu près" un peu rapide. Ok, le cas de BHL n'est pas une essentialisation, mais, d'une certaine façon, l'impératif qui lui est imposé sous entend une essentialisation de la part de beaucoup de ses contempteurs : "comment tenir un propos de gauche alors qu'on est riche à milliard et qu'on habite Saint Germain des Prés", sous entendu alors qu'on est un bourgeois. Pour appuyer mon propos, je vous renvoie à la chanson de Renaud : "l'entarté" (in Boucan d'enfer).

Jake a dit…

Peut être est-ce une façon de se réconforter,de dresser des barriéres avec les autres de façon réconfortante.Dans cette optique c'est donc peut'être l'individu qui est responsable,mais peut-être faut il aussi regarder le rôle des médias,non pas dans une optique de diabolisation mais dans un rôle d'écran entre les individus.Une communication médiatisée est elle mieux qu'une communication directe?